Sur invitation du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir), une délégation du Parti communiste chinois (PCC), conduite par le vice-ministre du département international, Yezhou Guo, séjourne du 6 au 8 mars au Burkina pour une visite de travail et d’amitié. Arrivée mercredi, 6 mars 2019, la délégation a eu, dès la matinée de jeudi, 7 mars 2019, une séance de travail avec la direction politique nationale du MPP.

Cette visite survient après celle effectuée par le MPP en Chine, il y a quelques mois. Pour ce déplacement de Ouagadougou, c’est le siège national de campagne du MPP, sis au quartier Nonsin, qui a été la première destination de la délégation du Parti communiste chinois. Après les salamalecs, les deux parties ont eu un huis clos autour d’un « document-cadre ».

La séance de travail a porté sur les attentes du MPP dans le sens de créer les conditions idoines pour le renforcement des relations de coopération entre les deux partis

Dans ses propos introductifs, le premier responsable du MPP, Simon Compaoré, a fait une brève présentation du parti. Ainsi retient-on au passage qu’à l’issue du scrutin couplé présidentiel/législatif de novembre 2015 et des municipales de mai 2016, le parti a ravi la vedette avec, outre la magistrature suprême (la présidence du Faso), 55 députés sur les 127, 300 communes sur 351 et douze des treize conseils régionaux.

Le PCC a octroyé 1000 tonnes de riz aux déplacés du drame de Yirgou, la somme de 15 000 dollars pour les engagements nationaux et la réfection des écoles sous paillottes

« Le MPP est un jeune parti démocratique de gauche. Il a connu depuis sa création (25 janvier 2014), un parcours inédit dans l’histoire politique du Burkina Faso. Jeune parti, mais avec de grandes ambitions. D’où l’impérieuse nécessité pour nous, après le rétablissement des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la République populaire de Chine, de s’inspirer du modèle d’organisation, d’orientation et de gestion du pouvoir d’Etat du PCC. (…). Le PCC a une grande expérience séculaire en matière de gouvernance politique, économique, sociale, commerciale, mais également en matière de sécurité et de défense », a soutenu le président par intérim du MPP, Simon Compaoré, pour qui, le modèle du PCC est un excellent référentiel pour le développement.

Le chef de la délégation du MPP, Simon Compaoré, poursuit en relevant que « la République populaire de Chine doit son équilibre et sa grandeur à la gouvernance vertueuse du PCC ; une gouvernance qui force l’admiration, la considération et le respect de nombreux pays de par le monde ».

Rappelant que le géant chinois (premier partenaire commercial du continent africain) a connu, sur l’échiquier mondial, un « essor incomparable » ces dernières décennies, M. Compaoré conclut que les superlatifs ne suffisent pas pour situer l’ampleur de ce progrès que vit le peuple chinois sous la direction du PCC, avec à sa tête, le président Jinping XI.

De l’avis de l’ancien ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso, l’une des raisons essentielles de ce « miracle chinois » est la « formidable stabilité politique et institutionnelle » de ce pays ; ce qui permet de mieux planifier la marche en avant, mobiliser entièrement les ressources socio-économiques du pays vers les objectifs précis et dans l’ordre et la discipline.

« Cette stabilité chinoise a un déterminant central : le Parti communiste chinois, qui est une véritable institution, solide et remarquablement très bien organisée pour servir de charpente à l’Etat et à la nation chinoise », magnifie-t-il avant de justifier le choix du MPP de s’inspirer de ce modèle pour mieux s’organiser et booster le développement du Burkina, tout en tenant compte des réalités nationales.

Le PCC, force d’organisation, de planification et d’exécution !

Occasion également pour la direction politique du MPP de se féliciter du rétablissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso, en mai 2018, après une vingtaine d’années de rupture. « Nous souhaitons que l’amitié et la coopération MPP-PCC se renforce davantage et que les deux partis puissent réaliser de grands exploits dans le développement ; car, dit-on, l’histoire suit ses propres lois et logiques. Les relations solides de coopération entre le PCC et le MPP ont pour fondement, la sincérité, l’amitié, la bonne foi, la recherche du plus grand bien de nos deux partis, des intérêts partagés, de l’égalité et de la solidarité militante », a exprimé Simon Compaoré.

En réaction aux propos de son hôte, le vice-ministre du département international du Parti communiste chinois, Yezhou Guo, a dit tout le plaisir de sa délégation d’être au Burkina. « Depuis notre arrivée à Ouagadougou, nous avons fait l’objet d’un accueil très chaleureux », a-t-il confié, saluant également le rétablissement de l’axe Ouaga-Pékin (synonyme de retour du Burkina dans la grande famille de la coopération sino-africaine qu’il dit apprécier hautement).

Yezhou Guo est aussi revenu sur les actions entreprises depuis lors par les deux pays tant à l’échelle étatique qu’entre les deux partis politiques. « Le PCC entend, sur la base des réalités de nos deux pays, renforcer les échanges et la coopération avec le MPP, tout en respectant le principe de l’indépendance et de l’autonomie, l’égalité et le respect mutuel ainsi que la non-ingérence dans les affaires internes de l’autre », dévoile le chef de délégation du PCC.

A l’en croire, les échanges et le dialogue entre les deux partis politiques visent à renforcer l’amitié entre les deux peuples, à promouvoir les relations entre les deux pays pour davantage de bénéfices tangibles pour les deux peuples. C’est ainsi que le PCC entend intensifier les visites au MPP pour raffermir la confiance politique mutuelle, mais aussi pour consolider la base de l’amitié entre les deux pays, projette Yezhou Guo.

Fondé en 1921, le PCC a aujourd’hui 98 ans, apprend-on. « Le PCC exerce le pouvoir depuis 70 ans. C’est-à-dire que cette année marque le 70ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. 70 ans de gouvernance et 98 ans de fondation du parti. Les militants du PCC ont fait trois grandes choses dont nous sommes fiers. La première chose, est que nous avons fondé une grande organisation politique (le PCC) et en avons assuré un fonctionnement très efficace. Le PCC compte 90 millions de militants et 4, 5 millions organisations de base. Comment assurer un bon fonctionnement d’une si grande organisation politique ? Nous avons notre propre expérience, que nous sommes prêts à partager avec nos amis du MPP. La deuxième chose est que dans un pays d’un milliard 400 millions d’habitants, nous sommes au pouvoir depuis maintenant 70 ans ; l’espérance de vie des Chinois est passée de moins de 40 ans, il y a 70 ans, à aujourd’hui environ 70 ans. Il y a 70 ans, l’économie de la Chine était à la fin du palmarès du développement économique du monde (au bas du classement mondial, ndlr), aujourd’hui, elle est la deuxième économie du monde. Pendant les 40 ans passés, nous avons sorti 700 millions d’habitants de la pauvreté. Pendant les cinq ans passés, toutes les trois secondes, il y a un Chinois qui est sorti de la pauvreté. La troisième grande chose, c’est que nous avons la capacité de faire la planification à long terme et bien appliquée », s’est attardé le vice-ministre du département international du Parti communiste chinois, Yezhou Guo.

De son avis donc, le PCC a des expériences, notamment de passage de pays sous-développé à pays développé pour un bien-être des populations, à partager avec le MPP. « L’objectif du développement de l’année 2020 a été fixé, il y a quarante ans. Lors du dernier congrès du parti, le comité central du PCC a fait le programme du développement du pays pour les 35 années à venir », illustre, Yezhou Guo, pour qui, toutes ces expériences pourraient être partagées avec les « amis » du MPP.

Après cette étape des travaux, les deux délégations ont mis le cap sur le siège national du MPP, sis non loin du siège national de la campagne, où la partie chinoise a pu visiter les locaux avant de se rendre au centre de formation politique du MPP (le Centre international de formation politique Kwamé-N’Krumah), situé à l’ Est de la capitale.

La matinée de travail et de visite s’est achevée par une audience avec le président du Faso, Roch Kaboré. Dans l’après-midi, le vice-ministre du département international du Parti communiste chinois, Yezhou Guo, et sa délégation ont été reçus à l’Assemblée nationale par le président de l’institution, Alassane Bala Sakandé avant leur retour en Chine dans la matinée de vendredi, 8 mars 2019.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net