En marge du XIIIè forum international sur l’énergie nucléaire (Atomexpo-2024), l’Agence fédérale de l’énergie atomique, Rosatom, a organisé avec des journalistes invités à travers le monde, jeudi, 28 mars 2024, une immersion dans son usine de construction mécanique (ZiO-Podolsk), située dans la ville de Podolsk, au sud de Moscou.

Cette séance a pour but de permettre aux journalistes invités au forum international sur l’énergie nucléaire, dont il (Rosatom) est d’ailleurs l’initiateur, de comprendre le processus de production du nucléaire et de découvrir le dispositif technologique mis en place à cet effet. ZiO-Podolsk se présente comme spécialiste en équipements, développement et en approvisionnements en centrales et énergie nucléaires, et dont la construction de la première centrale nucléaire remonte à 1952-1954.

Ici à Podolsk, l’entreprise du géant du nucléaire déroule des activités depuis 105 ans maintenant (en mai 2024, elle fêtera son 105è anniversaire, selon ses responsables).

Le directeur général de Zio-Podolsk, Anton Lebedev.

Après une séance de briefing sur la vie et le fonctionnement de l’entreprise, ses réalisations à travers le monde, ses projets en cours et les perspectives, faites par le directeur général, Anton Lebedev, et ses proches collaborateurs, les hôtes ont eu droit à une visite guidée dans les ateliers de la chaîne de fabrication des réacteurs et autres pièces du nucléaire.

Rosatom, ce sont au total onze grands ateliers, auxquels s’ajoutent des sous-ateliers. Quatre domaines de compétences : les centrales électro-nucléaires, les centrales thermiques, les centrales pour les navires et le matériel pour le ministère de la défense.

La séance de briefing a permis aux journalistes venus à travers le monde, de poser, et sans tabou, de nombreuses questions sur le sujet.

« Les dernières méthodes de gestion et d’ingénierie industrielle, ainsi qu’un personnel hautement qualifié assurent la qualité et la fiabilité du matériel fabriqué. Les équipements de l’usine fonctionnent dans plus de 50 pays. Le personnel de très grandes compétences », présentent les responsables de l’entreprise, qui n’ont de cesse souligné le mérite de cette technologie, tant pour les pays développés que ceux en voie de développement.

Ils expriment la certitude que l’énergie nucléaire peut faire l’épanouissement des populations à travers le monde.

« Il reste dans le monde, des endroits considérables qui sont privés d’accès à électricité. Dans certains d’entre eux, la construction de grandes centrales électriques n’est pas justifiée du point de vue économique, et dans d’autres, cela est impossible, en raison de spécificités fonctionnelles. Dans de tels cas, le SNPP (Petites centrales nucléaires) peut être la seule solution, et la demande pour de telles centrales nucléaires connaît une tendance à la hausse. Aujourd’hui, la société d’État Rosatom propose donc à ses clients, de petites centrales nucléaires, en versions terrestre et flottante (sur l’eau, ndlr) basées sur des réacteurs de pointe », renseignent les dirigeants de ZiO-Podolsk.

Ici, le chargé de productions pour la centrale nucléaire, Kiselev Sergei, qui a conduit la visite, présentant une des composantes d’un réacteur en construction.

Quid des pays sahéliens comme le Burkina ?

« Le processus de fabrication prend en compte la spécificité des zones, à hauteur du choix des matériaux qui vont être retenus pour faire telle ou telle pièce, de manière à aboutir au résultat escompté. Ce qui est absolument nécessaire, quand on se met à la fabrication de l’ensemble des réacteurs, c’est de bien prendre en compte tous les détails spécifiques du climat, et après avoir fait de la prospection sur les spécificités de la zone, comme celle du Burkina Faso. Pour des pays comme le Burkina, ce sont donc les petites centrales modulaires qu’on adapte au contexte. Aujourd’hui, nous avons même lancé un projet de fabrication de ce type de centrale, centrale modulaire.que nous allons mettre ici en Russie, car le pays a des régions très éloignées de sources d’eau », explique le directeur adjoint en charge de l’électronucléaire et le développement de produits nouveaux, Valentin Saransky, suite à une question en lien avec l’option du gouvernement burkinabè d’aller au nucléaire.

Valentin Saransky

« Les centrales sont donc construites au besoin. Pour les pays qui ont des débouchées maritimes, ce sont des centrales flottantes et pour les pays sans débouchées maritimes, ce sont les centrales modulaires », dévoile-t-on au cœur du nucléaire.

Bien avant, c’est le premier directeur général adjoint en charge du développement de l’entreprise et des affaires internationales de Rosatom, Kirill Komarov, qui, à la faveur de la conférence de presse bilan du XIIIè forum international sur l’énergie nucléaire, estimait que “le nucléaire est parfaitement jouable avec des contextes différents’’.

Il soutient qu’en plus d’être de l’énergie pure, qui respecte l’environnement, le nucléaire a l’avantage de ne pas faire recours au carburant avec ses risques de variation des prix ou soumis aux caprices du climat. « L’énergie nucléaire n’est pas dépendante de la météo, du vent, du soleil. L’Afrique a besoin de projets nucléaires. Tous les pays du monde passent par le même processus ; au début, les gens ont toujours peur et c’est normal. Mais l’approche de Rosatom consiste à pouvoir donner des informations justes, honnêtes aux populations. Les règles de sécurité sont strictes », vante Kirill Komarov.

Des ingénieurs en pleine construction dans un atelier.

Les dirigeants de Rosatom se veulent également rassurants en ce qui concerne le volet sécurité, en relevant que le dispositif prend en compte également toutes les recommandations de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). « Tous les risques liés à l’exploitation d’une centrale nucléaire sont pris en compte dans l’étape de la prospection (les études de faisabilité tiennent compte du contexte, y compris sécuritaire, d’éventuels accidents, des intempéries, etc.) », détaille-t-on.

En ce qui concerne la gestion de la technologie nucléaire, les responsables de Rosatom ont leur politique, qui consiste à doter les Etats eux-mêmes de capital humain. « Nous misons sur la formation des ressources humaines. Ce sont environ 5 000 étudiants africains qui sont actuellement en formation dans les universités russes dans des segments du nucléaire. Le nucléaire, ce n’est pas une boîte noire qui sera exportée en Afrique. Au Burkina, ce sont des Burkinabè qui vont être formés pour gérer la centrale », a étalé Kirill Komarov.

O.L.O.
De Podolsk, Russie
Lefaso.net